
L’Histoire des femmes de la famille Clain : Un récit de jihadisme ordinaire
Le phénomène du jihadisme va au-delà de la foi ou de l’engagement individuel. Il implique des relations familiales, un héritage et des transitions complexes. Le procès de trois femmes, débuté le 15 septembre 2025, met en lumière ces dynamiques familiales profondément enracinées. Ce cas, entendu par un tribunal pénal spécialisé à Paris, illustre comment les liens familiaux ont contribué à l’engagement dans des mouvements extrémistes.
Christine Allain, 67 ans, Jennyfer Clain, 34 ans, et Mayalen Duhart, 42 ans, sont accusées d’avoir rejoint des groupes jihadistes, notamment l’État islamique, entre 2014 et 2017 en Syrie. Deux d’entre elles sont également poursuivies pour avoir abandonné des enfants mineurs sur le plan moral et matériel.
Les origines du phénomène
Les racines de cette affaire remontent à la fin des années 1990, dans la région de Toulouse, en France. La famille Clain, initialement de confession catholique, a connu une conversion à l’islam. Fabien et Jean-Michel Clain, influencés par le mari tunisien de leur sœur Anne-Diana, ont alors adopté une forme stricte de l’islam. Ces conversions ont impacté l’ensemble de la famille, touchant leurs femmes, leur mère, et même leur demi-sœur.
Dans le quartier de Mirail, à Toulouse, les frères Clain ont été influencés par Olivier Corel, un islamiste d’origine syrienne devenu citoyen français. Corel a encouragé leur prosélytisme, qui a ensuite touché d’autres membres de la famille. Anne-Diana, la sœur des Clain, a vu ses propres filles, Jennyfer et Fanny, grandir sous une interprétation radicalisée de l’islam.
Un réseau familial puissant
Jennyfer Clain a épousé Kevin Gonot, converti à l’islam à 16 ans. Sa conversion a été influencée par sa mère, Christine Allain, qui a également persuadé son mari Stéphane d’adopter cette nouvelle foi sous la pression de leur vie commune. Les conversions se sont multipliées au cours des années 2000, entraînant des changements significatifs au sein de la famille.
Mayalen Duhart, en tant que compagne de Thomas Collange, un membre influent de cette famille, a également été entraînée dans cette spirale de conversions. Désireuse de ne pas perdre son partenaire, elle a finalement embrassé cette radicalisation, encouragée par sa belle-mère Christine.
Le procès et ses implications
Le procès met en exergue non seulement les actions individuelles des accusées, mais également le rôle prépondérant des dynamiques familiales dans la radicalisation. Les relations entre les membres de la famille ont permis la propagation de l’idéologie extrémiste. Ce phénomène de jihadisme ordinaire soulève des questions sur l’engagement familial et les conséquences de ces décisions sur les générations futures.
Ce cas interroge également sur la responsabilité des parents et des proches dans la protection des enfants. Les accusations d’abandon moral et matériel mettent en lumière les dilemmes éthiques liés à la radicalisation et à ses effets sur la vie familiale.
Conclusion : un héritage complexe
La saga des femmes de la famille Clain incarne une réalité tragique et complexe du jihadisme moderne. Ce procès, par ses implications familiales et sociales, pose un défi à notre compréhension des chemins vers la radicalisation. En examinant de près ces liens, nous pouvons mieux appréhender l’impact de l’extrémisme sur la structure familiale. L’histoire des Clain et leur parcours montrent comment des décisions individuelles peuvent être façonnées et influencées par des dynamiques familiales profondes et enracinées.





