Démocratiser la politique du médicament : un enjeu de santé publique

Le Leem souligne l'urgence de démocratiser la politique du médicament en France face aux enjeux de santé publique actuels.

Démocratiser la politique du médicament : un enjeu de santé publique

Le 22 septembre 2025, le Leem, syndicat représentant l’industrie pharmaceutique française, a mis en lumière une crise sanitaire. Ce dernier a affirmé que « la spirale du déclassement sanitaire de notre pays [était] enclenchée » et a appelé à la tenue d’« Etats généraux du médicament ». Cette demande souligne l’urgence d’un débat public sur la politique du médicament.

Alors que les multinationales pharmaceutiques affichent de bonnes performances, les petites et moyennes entreprises peinent à s’installer durablement sur le marché. Elles se retrouvent souvent confinées à un rôle de sous-traitant, ce qui les rend vulnérables. Leur dépendance aux grandes entreprises invite à repenser la structure même de l’industrie pharmaceutique en Europe, notamment en France. Les pénuries de vieux médicaments et les prix exorbitants des nouvelles thérapies pèsent lourdement sur les malades et sur les systèmes de santé.

Contexte historique et politique

Pour comprendre l’état actuel des politiques du médicament, il est crucial de se pencher sur leur histoire. La sociologie révèle les récits complexes derrière la fabrication des règles régissant la production et l’usage de médicaments. Cela inclut l’interaction entre divers acteurs : les pouvoirs publics, l’industrie, les professionnels de santé et les patients.

Depuis les années 1980, l’influence des multinationales s’est intensifiée. Ces entreprises, basées dans des pays riches, ont su s’instituer comme des acteurs clés grâce à leurs ressources et à leur accès aux cercles décisionnels. Cela a entraîné de nombreuses modifications du cadre législatif relatif à la propriété intellectuelle. Ces changements se basent sur les accords de l’Organisation mondiale du commerce de 1994, qui ont introduit des règles internationales et leurs déclinaisons au niveau national. Les lois ont souvent été ajustées par l’intermédiaire de relais industriels, notamment à travers des accords de libre-échange.

Les enjeux contemporains

Aujourd’hui, nous faisons face à un double défi. D’une part, le monopole que détiennent certaines entreprises sur le marché. D’autre part, la possibilité de maintenir le secret sur la chaîne de valeur des produits de santé. Ces éléments compliquent l’économie politique du secteur et mettent en lumière les impasses actuelles.

La situation se voit aggravée par le désengagement progressif de l’État. Celui-ci a élargi son recours à des conseils issus du secteur industriel. Ces consultations, bien que juridiquement valables, sont souvent motivées par des intérêts qui divergent de la santé publique. Les conséquences de cette dynamique sont préoccupantes : le bien-être collectif est souvent relégué au second plan.

Vers une réforme nécessaire

Pour répondre à ces défis, une expansion de la démocratie dans la gestion des politiques du médicament paraît indispensable. Cette réforme pourrait impliquer plusieurs axes stratégiques :

  • Renforcer la transparence des pratiques industrielles.
  • Assurer une meilleure régulation des prix des médicaments.
  • Encourager la recherche et le développement de nouvelles solutions thérapeutiques par les PME.
  • Créer une plate-forme de dialogue entre tous les acteurs concernés, y compris les patients.

En redéfinissant la manière dont les médicaments sont développés et distribués, nous pourrions poser les bases d’un système qui répond à l’intérêt général. La création d’« Etats généraux du médicament » pourrait constituer une première étape vers une gouvernance plus inclusive et équitable.

Conclusion

La politique du médicament est au bord d’une réforme nécessaire. Pour garantir un accès équitable aux soins, il est crucial de rassembler les acteurs de cette industrie. Une telle démarche permettrait d’apporter des solutions durables face aux défis croissants que rencontrent les systèmes de santé. C’est ainsi que nous pourrions espérer construire un avenir où la santé publique prime sur les intérêts privés.

Sources

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