
Le retour de la messe en latin à Saint-Pierre de Rome : un tournant politique
Le 25 octobre 2025, un événement significatif s’est produit à la basilique Saint-Pierre de Rome. Pour la première fois depuis 2021, la messe tridentine, qui inclut la liturgie en latin, a été célébrée dans ce lieu emblématique. Cet événement s’inscrit dans le cadre d’un pèlerinage traditionaliste rassemblant chaque année environ 1 500 personnes.
Cette messe, qui remonte au concile de Trente au XVIe siècle, avait été mise en sommeil par les directives du pape François. En effet, le pontife argentin avait interdit une telle célébration en 2022, mettant en avant l’importance des nouvelles règles mises en place par le concile Vatican II, qui favorisent l’usage des langues vernaculaires lors des cérémonies liturgiques.
Un contexte de changement et de controverse
Le retour de la messe en latin sous l’ère du nouveau pape, Léon XIV, représente un changement de cap. Ce dernier a décidé d’accorder cette autorisation à un figure conservatrice, le cardinal Raymond Burke. Ce prélat, connu pour ses idées rigides sur les questions sociétales, a célébré la messe, illustrant ainsi une tendance vers une libéralisation perçue par certains comme une récupération de la tradition.
Le précédent pontificat avait instauré un climat de réserve vis-à-vis de la liturgie traditionnelle, inhibant ce que certains fidèles considéraient comme leur droit à la célébration en latin. Pour les défenseurs de ce retour, la célébration de la messe tridentine à Saint-Pierre est à la fois un geste symbolique et un rétablissement de la liberté de culte.
Répercussions sur l’Église catholique
Cette décision fait écho à une dynamique interne au sein de l’Église catholique. Elle annonce un possible renouveau des tensions entre conservateurs et progressistes au sein de cette institution. D’une part, les traditionalistes voient dans cette autorisation un retour à l’orthodoxie. D’autre part, les progressistes craignent que cela ne fragilise les précieuses avancées vers une Église plus ouverte et inclusive.
Le contexte de cet événement est également marqué par la mort récente du pape François, survenue en avril 2025. Son décès a ouvert la voie à des changements significatifs dans la dynamique du Vatican. Léon XIV, dont l’orientation semblait plus encline à satisfaire les demandes des conservateurs, est désormais vu comme un symbole de renouveau pour ces derniers. Cela pourrait entrer en friction avec les idéaux de réforme qu’avait véhiculés François durant son règne.
Une célébration remplie de symbolisme
La liturgie tridentine est empreinte d’une histoire riche et complexe. En effet, elle a été largement perçue comme un vecteur d’identité pour de nombreux catholiques traditionalistes. Le choix de célébrer cette messe à Saint-Pierre, haut lieu du catholicisme, revêt une importance capitale. Il signale non seulement un retour à des pratiques anciennes, mais aussi un changement stratégique au sein de l’Église.
Le caractère exclusif de la messe en latin souligne des fractures potentielles au sein de la communauté catholique. Chacun peut observer une dynamique de division croissante, et ce renouvellement du rite pourrait exacerber les clivages existants.
Conclusion
Le retour de la messe en latin à Saint-Pierre est bien plus qu’une simple célébration religieuse. Il constitue un signe politique fort et souligne la tension entre les traditionnalistes et les réformateurs au sein de l’Église catholique. Les événements récents font craindre une polarisation grandissante, alors que certains estiment que ce retour est un gage de liberté, tandis que d’autres y voient un risque d’intransigeance. L’avenir de l’Église dépendra de sa capacité à reconciliér ces divers points de vue et à naviguer dans la complexité de ses propres traditions.





