
L’UE face au défi du gaz russe : l’interdiction des importations d’ici 2027
Trois ans et demi après le début de la guerre en Ukraine, l’Union européenne (UE) a considérablement réduit ses importations de pétrole russe. Cependant, elle demeure le principal acheteur de gaz en provenance de Russie. Dans ce contexte, le 20 octobre, les ministres de l’énergie de l’UE ont approuvé une interdiction totale des importations de gaz russe d’ici fin 2027. Cette mesure, proposée au printemps par la Commission, doit encore être négociée avec le Parlement européen avant d’être adoptée définitivement.
Une diminution spectaculaire mais incomplète
En 2024, environ 20 % des importations de gaz de l’UE provenaient de Russie. Cela représente une baisse significative par rapport aux 45 % en 2021. Malgré cela, l’UE demeure parmi les plus grands clients de Moscou. En effet, la dernière étude du Center for Research on Energy and Clean Air (CREA) révèle que l’UE reste le quatrième importateur mondial d’énergie russe, derrière la Chine, l’Inde et la Turquie.
En août 2025, l’UE a acquis pour 1,2 milliard d’euros d’hydrocarbures auprès de Moscou. Ce montant contribue à 8 % des revenus énergétiques du Kremlin. Cependant, c’est surtout dans le secteur du gaz que l’Europe reste le principal marché de la Russie. En août, 50 % des exportations de GNL russes et 35 % du gaz par pipeline étaient destinés à l’UE.
Les principaux pays importateurs de gaz russe
Les cinq grands importateurs européens — la Hongrie, la Slovaquie, la France, les Pays-Bas et la Belgique — ont versé près de 979 millions d’euros à Moscou. Ce montant, plus de 60 %, est allé au gaz naturel. La Hongrie, en tête des acquisitions, a acheté pour 416 millions d’euros de combustibles, dont plus de la moitié était du gaz transporté. La Slovaquie suit avec 276 millions d’euros, principalement sous forme de pétrole brut via le pipeline Druzhba.
De telles dépendances posent la question de la sécurité énergétique de l’UE. Par exemple, en 2023, 78,1 % des importations de gaz de la Hongrie provenaient de Russie, et 63,9 % pour la Slovaquie. Ces chiffres montrent l’ampleur de la dépendance de certains pays de l’UE vis-à-vis de Moscou.
Les répercussions de l’interdiction
Cet embargo, bien qu’accueilli avec ouverture par plusieurs capitales nordiques et orientales, risque d’exercer une pression considérable sur le marché énergétique européen. Les États membres devront trouver des solutions pour compenser la perte de gaz russe en diversifiant leurs approvisionnements. Cela pourrait inclure des partenariats renforcés avec des pays comme la Norvège, les États-Unis et le Qatar.
En outre, une accélération des investissements dans les énergies renouvelables sera nécessaire pour réduire cette dépendance. Avec l’UE qui cherche à réduire davantage ses importations d’énergie de Russie, la voie vers une transition énergétique durable semble impérative.
Les perspectives
Les discussions sur ces accords doivent être conclues d’ici la fin de l’année, selon l’objectif de la présidence danoise tournante de l’UE. Pourtant, le constat reste clair : bien que la dynamique ait changé, l’UE dépend encore largement du gaz russe. Selon CREA, les revenus des exports russes ont chuté de 2 % en août. Cela représente une troisième baisse consécutive, mais les ventes de gaz à l’UE demeurent une source de revenus stable pour Moscou.
« Il est essentiel de réduire davantage les revenus d’exportation de la Russie et de restreindre la capacité financière du Kremlin pour poursuivre ses objectifs militaires », a déclaré un analyste du CREA. Cette déclaration met en évidence l’urgence d’actions concrètes pour contrer le soutien financier au conflit en Ukraine.
Conclusion
Alors que l’UE vise une interdiction d’importations de gaz russe d’ici 2027, il est clair que ce défi nécessite une action immédiate et stratégique. La dépendance persistante de l’énergie russe exige une transition rapide vers des sources d’énergie alternatives. Il est crucial pour l’UE de diversifier ses approvisionnements tout en renforçant les investissements dans les énergies renouvelables. Le chemin à parcourir reste semé d’embûches, mais la sécurité énergétique de l’Europe en dépend.





